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20 juillet 2020
L’endométriose et le syndrome de fatigue chronique, comment s’en sortir ? – PARTIE II
31 juillet 2020
L'endométriose et le syndrome de fatigue chronique, comment s'en sortir ? - PARTIE I
La deuxième partie quant à elle (disponible ICI), sera consacrée à la technique de gestion de son énergie (la Théorie des Cuillères) et l'outil de planification Pacing, ainsi qu'un partage d'expérience avec les 10 changements du quotidien qui m'ont permis d'apprivoiser ma fatigue chronique.
La plus belle introduction à cet article est de vous confier que j'ai dû mettre son écriture en suspens, pour cause d'épuisement. Paradoxe, quand tu nous tiens ! Me basant sur mon expérience personnelle ainsi que sur des techniques de planification, mon souhait est de faire connaître les causes de fatigue chronique et les pistes d'amélioration, applicables même en période de crise de fatigue.
Étant porteuse d'endométriose, il me semble important de cibler les mécanismes qui déclenchent le syndrome de fatigue chronique (SFC), dans ce cas précis appelé également endo-fatigue, sur base des recherches qui ont été réalisées dans ce domaine ainsi que pouvoir apporter quelques pistes pour améliorer son quotidien. Les personnes atteintes de maladies chroniques sont indéniablement un groupe à risque face au SFC, cependant la plupart des femmes se retrouvent confrontées à la fatigue chronique que ce soit dû à un surmenage au travail, une charge mentale importante ou un agenda qui déborde - auxquels viennent parfois s'ajouter des bouleversements provoqués par un changement de vie ou un choc émotionnel. Les pistes citées dans cet article peuvent également s’avérer être utiles pour chacune d'entre nous.
Pour des questions pratiques, l'article sera présenté en deux parties. La première partie couvrira le lien entre l'endométriose et la fatigue, l'impact du stress chronique, les différents types de fatigue, ainsi que les causes aggravant l'état d'épuisement et les premières pistes d'amélioration.
La deuxième partie quant à elle, sera consacrée à la technique de gestion de son énergie (la Théorie des Cuillères) et l'outil de planification Pacing, ainsi qu'un partage d'expérience avec les 10 changements du quotidien qui m'ont permis d'apprivoiser ma fatigue chronique.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
L'endométriose est une maladie inflammatoire chronique, qui affecte une femme sur dix en âge de procréer [1]. Le tissu composant l’endomètre migre en dehors de la cavité utérine et vient s'implanter sur les ovaires, les trompes de Fallope, l'intestin ou parfois même sur les poumons. Chaque mois, les ovaires stimulent la croissance de l'endomètre pour devenir plus épais ; si aucun ovule fécondé n'est implanté, l'endomètre est rejeté sous forme de menstruations. Lorsque ces cellules se développent à l'extérieur de l'utérus, elles se comportent de la même manière que l'endomètre, cependant n'ayant pas d'issue de sortie, elles prolifèrent et le sang stagne, en créant des adhérences et des kystes, qui provoquent à leur tour de l’inflammation et des fortes douleurs dans la plupart des cas.
Actuellement, le temps de pose du diagnostique est de huit à onze ans [1], il est donc primordial de faire parler de la maladie afin d'augmenter sa notoriété tant auprès des patientes que du corps médical – dans le but de permettre aux femmes de se faire diagnostiquer plus rapidement et pouvoir les soulager dans leur quotidien plus efficacement.
La maladie peut être asymptomatique ou au contraire cumuler plusieurs symptômes, parmi les plus courants : règles abondantes, ballonnements (chez certaines endo-girls les crises se manifestent par un ventre gonflé comme celui d'une femme enceinte, appelé aussi "endo-belly"), douleurs pendant le cycle et parfois en dehors du cycle, fatigue, infertilité, etc. Les causes de la maladie ne sont pas encore clairement définies, mais on suspecte plusieurs facteurs parmi lesquels le patrimoine génétique, les perturbateurs endocriniens, les règles rétrogrades, la déficience auto-immune et le stress chronique.
Pourquoi l'endométriose provoque de la fatigue ?
L'endométriose provoque de l'inflammation, qui mobilise les ressources du corps, altérant le bon fonctionnement de ce dernier. L'homéostasie, régulation naturelle de l'organisme pour maintenir constants les paramètres biologiques du corps humain face aux modifications du milieu extérieur, est réglée de façon très complexe par le système nerveux autonome (système végétatif) et les glandes endocrines (hormones), ainsi que par de nombreux autres paramètres. L'inflammation, perçue par le corps comme une anomalie et surtout considérée comme une priorité à régler, mobilisera toutes les ressources nécessaires afin de revenir vers un état d'homéostasie au plus vite. Il est donc facile de comprendre que le système immunitaire, dans ce combat contre l'inflammation chronique, sera sollicité en permanence conduisant à un épuisement généralisé. D'autre part, les zones d'inflammation interfèrent dans le processus également, en sécrétant des neuromédiateurs appelés les cytokines, qui amplifient la réaction inflammatoire [2]. L'épuisement ressenti est la résultante de ces processus chimiques internes altérés.
La fatigue chronique est un symptôme sous-estimé de l'endométriose, insuffisamment documenté et qui pourtant affecte une majorité de patientes. L'épuisement peut créer une véritable détresse chez certaines, en affectant les activités quotidiennes et surtout la qualité de vie. Certaines études [3], ont mis en lumière le lien existant entre l'épuisement et l'endométriose, les résultats ont démontré que la fatigue chronique est constatée chez la plupart des patientes atteintes d'endométriose (50,70 % de l'échantillon étudié, contre 22,4 % chez les femmes non-porteuses d'endométriose). Cet épuisement est associé à l'insomnie, la douleur, stress chronique, indépendamment de l'âge où la patiente à été diagnostiquée, ni du stade de l'endométriose.
Comment le stress influence notre niveau de fatigue ?
En cas de stress, le corps libère de l'adrénaline pour réagir à la situation de danger qui se présente à nous (qu'elle soit réelle ou fictive), afin de permettre de fuir ou de combattre, et ainsi augmenter nos chances de survie. Il est important de noter que notre cerveau ne fait pas la différence entre un danger réel et un danger fictif, étant donné que nous ne croisons plus aucun ours dans notre quotidien de citadins, stresser pour une réunion de travail représentera la même charge pour le corps que de devoir fuir un prédateur.
Cette libération d'adrénaline a un coût, car d'autres processus (par exemple le système digestif), considérés comme non-prioritaires, vont se mettre à l'arrêt. Une fois que le danger passe, le corps sécrète du cortisol, qui neutralise l'adrénaline.
Ce sont les glandes surrénales, responsables de la sécrétion de l’adrénaline et du cortisol, qui sont également en charge de la production d'hormones permettant de métaboliser la progestérone (nécessaire pour l'équilibre des hormones sexuelles). C'est donc au détriment du métabolisme de la progestérone que se fait la libération de l’adrénaline et du cortisol, en situation de stress. Cela risque d’entraîner un déséquilibre hormonal d'une part, et d'autre part, de conduire à un dérèglement de l'activité des surrénales. Le véritable danger est le stress chronique, car cela ne laisse pas au corps le temps de récupération nécessaire afin de procéder à l'auto-régulation, et risque d'engendrer une détérioration du fonctionnement des surrénales à long terme, ce qui induira également une fatigue de plus en plus présente, qui s’appellera dès lors fatigue surrénale.
La société actuelle valorise le dépassement de soi à un prix fort, le fait de ne pas être à l'écoute de son corps et ne pas détecter les signaux d'alarme à temps, à répétition, risque de se retourner contre nous.
Les trois types de fatigue
Il est possible d'identifier au moins trois niveaux de fatigue : émotionnelle, physique et intellectuelle. En fonction de chaque type de fatigue, il est important de trouver des moyens de se reposer afin de pouvoir utiliser ses outils supplémentaires en cas d'épuisement.
- Fatigue émotionnelle : c'est une fatigue qui survient lorsque nous traversons des moments clés de notre vie et que nos émotions sont fortement sollicitées. Tous les changements de vie (mariage, décès, divorce, rupture, déménagements, naissance, etc.) - impliquent un impact émotionnel important. Mais cet état de fatigue émotionnelle peut également survenir suite à des prises de conscience et des étapes clés dans l'évolution de notre développement personnel. Cette fatigue touche d'autant plus fort les personnes hypersensibles. Il est alors important de prendre une pause, le temps d'intégrer les bouleversements émotionnels vécus.
- Fatigue physique : ce type de fatigue survient lorsque le corps est surmené ou à l'inverse lorsque nous menons un style de vie sédentaire. La solution est donc soit du repos, soit une activité physique à intensité modérée.
- Fatigue intellectuelle : cette fatigue est causée par la stimulation excessive de nos capacités cognitives. La manière la plus simple de la résorber est de momentanément mettre en suspens tout travail intellectuel et changer d'activité : exercice physique, cuisine, jardinage, musique, contact avec les animaux, etc.
Ces différents types de fatigue sont connectés, dès qu'une fatigue physique s'installe cela favorise le terrain pour une fatigue émotionnelle et/ou intellectuelle et vice-versa.
Il est donc intéressant d'apprendre à écouter les signes de chaque type de fatigue et d'en faire la distinction, afin de pouvoir agir là où c'est nécessaire. Les types de repos correspondant à chaque type de fatigue sont tout à fait personnalisés et c'est en procédant à des essais-erreurs qu'on peut apprendre à se connaitre.
Les causes qui aggravent l'endo-fatigue & pistes d'amélioration
Certaines recherches font le lien entre endométriose et le syndrome de fatigue chronique (SFC). Le SFC affecte davantage de femmes que d'hommes, et peut être lié à des désordres du système reproductif [4]. Une étude de 2011 [5], suggère que les femmes cumulant plusieurs symptômes ci-dessous, ont plus de risques de développer le SFC :
- Endométriose
- Kystes ovariens
- Règles irrégulières
- Interventions chirurgicales gynécologiques
- Douleurs pelviennes
L'épuisement se ressent par une fatigue intense et de la faiblesse. Le niveau d'énergie est au plus bas ; les femmes atteintes d'endométriose sont plus susceptibles de ressentir cet état à l'approche ou pendant leur cycle menstruel. Le SFC se manifeste également par :
- Douleurs articulaires ou musculaires
- Migraines
- Difficultés à se concentrer et sentiment de confusion
- Insomnie
- Symptômes de la grippe
- Étourdissement
- Nausée
- Palpitations
Les possibles causes qui aggravent le risque d'épuisement :
- Anémie : un manque de fer ne permet pas au corps de produire suffisamment de cellules rouges, dont la fonction est de transporter l'oxygène aux cellules. Les règles hémorragiques, un des symptômes les plus répandus de l'endométriose, peuvent aggraver l'anémie, provoquant un état de fatigue permanent.
- Hypoglycémie : un taux bas de sucre dans le sang, peut amener une personne à se sentir anxieuse et fatiguée.
- Hypothyroïdie : se produit lorsque la thyroïde ne sécrète pas suffisamment d'hormones thyroïdiennes, ce qui peut provoquer des douleurs articulaires, une prise de poids et de l'épuisement.
- Raisons psychologiques : la dépression, le stress ou un trauma émotionnel, peuvent amener à une baisse d'énergie.
- Bol alimentaire : une alimentation trop riche en sucre et en gras (trans-gras), ainsi qu'une déficience de nutriments, peuvent induire le corps dans un état de fatigue.
- Manque de sommeil : un manque de sommeil répété peut également conduire à un état de fatigue généralisée.
- Ménopause : un taux de progestérone bas peut impacter le sommeil et le niveau de fatigue ressentie.
- Manque d'exercice : un style de vie sédentaire impacte le niveau d'énergie négativement.
- Maladies chroniques et plus particulièrement des dysfonctionnements gynécologiques.
- Stress chronique : comme expliqué précédemment le mécanisme du stress continu peut être extrêmement destructif pour l'organisme.
Des pistes d'amélioration :
- S'assurer d'avoir un bol alimentaire sain : consommer suffisamment de protéines (provenant des oléagineux, légumineuses, poisson) permet de se sentir plus énergique tout au long de la journée, manger la quantité requise de calories (en adéquation avec l'âge, le sexe, le poids et le niveau d'activité), donner la priorité aux fruits et légumes, diminuer ou éliminer le sucre, boire suffisamment d'eau, privilégier les aliments d'origine biologique. Éviter au maximum les produits transformés : leur teneur en sucre ajouté est trop élevée.
- Compléments alimentaires : prendre des compléments de vitamine D et vitamine C, ainsi que du fer (en cas d'anémie) peut avoir un effet bénéfique sur le niveau de fatigue. Pour soutenir l'activité des glandes surrénales, surtout en période de stress, il est intéressant d'explorer les plantes adaptogènes: Ginseng, Ashwagandha, Astragale, Rhodiola et champignons (qui existent aussi sous forme de poudre à rajouter dans une boisson chaude) : Cordycep, Reishi, Shiitake et Maitake.
- Pratiquer une activité physique modérée. Les recherches de l'Université de Georgia (UGA) d'Athènes [6], ont démontré qu'une séance d'au moins 20 minutes d'une activité physique d'intensité modérée peut booster l’énergie. La même Université a étudié l'impact d'une activité physique régulière sur un groupe d'individus sédentaires, qui ont vu leur niveau de fatigue baisser en comparaison au groupe d'individus n'ayant pas pratiqué d'activité physique. Il est suggéré de pratiquer un minimum de 2h30 [7] d'activité à intensité modérée par semaine pour un adulte.
- Sommeil régulier : se coucher et se lever aux mêmes heures permet au corps de rester dans un rythme de sommeil réparateur. Le Centre Américain de Recherche pour le Sommeil recommande au moins 7 heures de sommeil pour des individus âgés de 18 à 60 ans.
- Avoir du soutien : la maladie peut être éreintante physiquement et émotionnellement. Parler avec des amis, ou rentrer en contact avec des personnes qui traversent les mêmes difficultés, peut permettre de se sentir moins isolé.
- Apprendre à gérer son stress, pour ce faire voici quelques suggestions :
- Tenir un journal de bord, en y notant ses états d'âme et les périodes stressantes, afin d'identifier les sources de stress;
- Éviter ceux qui nous provoquent un stress (personnes toxiques);
- Exprimer ses préoccupations;
- Accepter les choses qu'on ne peut pas changer;
- Apprendre à pardonner : nous faisons tous des erreurs, laisser aller la colère et le ressentiment;
- Pratiquer une activité physique (et la masturbation) permet de libérer des endorphines, un excellent moyen de contrer le stress.
Pratiquer une activité physique (et la masturbation) permet de libérer des endorphines, un excellent moyen de contrer le stress.
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Écrit par Kristina SCHIMAN
Plus d'information : ENDO GIRLZ- Rogers, P.A.W., & al., "Priorities for Endometriosis Research: Recommendations From an International Consensus Workshop", Reproductive Sciences 2009; 16 : 335-346
- Noack, M., et Kolopp-Sarda, M., "Cytokines et inflammation : physiologie, physiopathologie et utilisation thérapeutique", Revue Francophone des Laboratoires 2018, 499:28-37
- Ramin-Wright, A., & al., "Fatigue – a symptom in endometriosis", Human Reproduction 2018, 33(8):1459–1465
- Johnson, C., "High rates of gynecological disorders implicated in chronic fatigue syndrome", 2015
- Boneva, R. S., & al., "Gynecological history in chronic fatigue syndrome: A population-based case-control study", Journal of Women's Health 2011, 20(1):21–28
- "Recommended Amount of Sleep for a Healthy Adult: A Joint Consensus Statement of the American Academy of Sleep Medicine and Sleep Research Society", Journal of Clinical Sleep Medicine 2015; 11(6):591–592
- Loy, P.D., & al., "The effect of a single bout of exercise on energy and fatigue states: a systematic review and meta-analysis", Journal Fatigue: Biomedicine, Health & Behavior 2013, 1(4):223-242
